, Écrivain, Poète, Artiste
 
 
Installations, performances : archives
 
 

Trois jours suivants, Carte blanche Isabelle Lartault et Michel Verjux avec leurs invités, lectures-performances, librairie ABAR, Paris, 22, 23 et 24 septembre 2017.

Les jours d'après, exposition en duo avec Michel Verjux, librairie ABAR, Paris, 22 septembre - 27 octobre 2017.


 

Photographies Aude Legrand


Température, Michel Verjux, 1983 et Plus on descend Isabelle Lartault, 2017, exposition Les jours d'après, librairie ABAR, Paris, 23 septembre, 27 octobre 2017



(...)


Combien fait-il ici ?

(En allant lire et en donnant  la température de chacun des thermomètres.)

Ici : 22°... Ici : 20,5°... Ici : 21°...

 

Si l'on mesure le fait que plus on descend plus il fait chaud, que tout corps chauffé à plus de 525° produit de la lumière, que dans l'Antarctique, 100 mètres en dessous de la glace, on est à l'époque de Charlemagne et 200 mètres encore en dessous, on remonte à celle de Jésus-Christ et que l'existence de Dieu a été évalué par un théologien  à 70 %...  Tout le reste...


(...)



 

 

Mode d'emploi (3) MARCHER (Aux pieds de la lettre) : extrait de la performance.


 
Mode-d'emploi (3) MARCHER (Aux pieds de la lettre)

Performance pour marcheurs et dictionnaires

Des lecteurs-marcheurs s'efforcent de marcher en essayant de respecter à la lettre les définitions de l'action de marcher données par les dictionnaires de différentes langues (Allemand, Anglais, Coréen, Russe, Bulgare, Italien, Hollandais, Norvégien, Japonais, Espagnol, Français, etc.).

Marcher Angers Penser (deux jours sur la marche urbaine), Agence d'Urbanisme de la Région Angevine (AURA), Faculté Saint-Serge - Angers, 5 octobre 2013.

M






 
Mode d'emploi (1) MARCHER

Sur chacun des onze panneaux posés au sol à 30 cm (distance approximative entre deux pas) les uns à la suite des autres est inscrit une partie de ma description de l'action de marcher. Cette installation fait marcher les participants qui hésitent, avancent en regardant leurs pieds, en décomposant leurs mouvements, bref tentent d'appliquer le mode d'emploi sans savoir à quoi il correspond. Une caméra vidéo placée au bout du parcours retransmet sur un écran les déplacements des marcheurs.

1 SE TENIR DEBOUT

2 DECOLLER UNE JAMBE DU SOL

3 LA TENDRE EN AVANT

4 LA POSER À ENVIRON 30 CM DANS L'AXE DE L'AUTRE JAMBE

5 LA PLIER EN BASCULANT LE CORPS VERS L'AVANT JUSQU'À CE QUE L'AUTRE JAMBE QUITTE LE SOL

6 RAMENER CETTE DERNIERE

7 LA TENDRE EN AVANT

8 LA POSER À ENVIRON 30 CM DANS L'AXE DE L'AUTRE JAMBE

9 LA PLIER EN BASCULANT LE CORPS VERS L'AVANT JUSQU'À CE QUE L'AUTRE JAMBE QUITTE LE SOL

10 ET AINSI DE SUITE



Installation-performance, Ecole nationale des Beaux-arts, Dijon, mars 1981


 
 

Mode d'emploi (2) MARCHER


Enregistrement vidéo de la définition du dictionnaire : "se déplacer par mouvements et appuis successifs des jambes et des pieds sans quitter le sol" et des interventions des participants qui s'efforcent de mettre en pratique cette définition.

Ils ignorent qu'il s'agit de la définition du verbe Marcher.

Les participants proposeront différentes façons de se déplacer et néanmoins toutes seront induites par la définition du dictionnaire, mais aucun ne parviendra à marcher normalement. 



 

N°1244 VISAGES DE VOYAGES


Performance

Mars 1981 - Galerie A La Limite - Dijon


 

Cinq cartes postales représentant un des clichés de la carte postale : un coucher de soleil (au dos de celles-ci le titre et le numéro de la série N°1244 Visages de Voyages) et leurs cinq enveloppes. Un magnétophone (quatre textes sont pré-enregistrés sur la bande magnétique). Une paire de lunettes. Une paire de ciseaux, du scotch.


Sur l'un des murs faisant un angle, cinq enveloppes sont fixées les unes à côté des autres, à hauteur de mon visage. De quatre d'entre elles émergent, entièrement puis de moins en moins au fur et à mesure que l'on s'approche de l'angle du mur, une carte postale représentant un coucher de soleil. La dernière enveloppe est fermée.

Un magnétophone est posé sur le sol face au mur. Près de lui se trouvent une paire de lunettes de soleil, de ciseaux et un rouleau de scotch.

 

Je mets le magnétophone en marche. On entend le bruit de la mer. Je chausse les lunettes de soleil et prends la carte postale qui émerge complètement de son enveloppe. Je la fixe sur le mur, face à moi, et reste un instant le visage collé à l'image. Le bruit de la mer fait place à une suite de textes courts, semblables aux formules de vacances que l'on écrit, ordinairement, au dos des cartes postales. Je sors la carte suivante de son enveloppe et la coupe en deux, approximativement au milieu, d'un côté le ciel, de l'autre la mer. Au mur, je les fixe l'une sous l'autre, en laissant un peu d'espace entre chacune d'elles et en les plaçant au bas de la première carte. Je me recule d'un pas, fais légèrement glisser les lunettes sur mon nez jusqu'à ce que le texte enregistré change de style. Il s'agit maintenant d'une suite d'expressions et de mots sélectionnés, comme découpés dans le texte précédent. Je saisis alors la carte suivante et la découpe cette fois-ci en trois parties (le ciel, la mer et le soleil) que je fixe en les écartant les unes des autres et en les plaçant au-dessous de la carte précédente. Je laisse encore un peu glisser les lunettes, recule de deux pas et regarde l'image jusqu'à ce que le texte évolue à nouveau. Entre les adjectifs synonymes de bonheur et les formules "toutes faites", surgissent les mots précis et désincarnés d'une description. Je m'empare de la dernière carte et la découpe cette fois-ci en quatre morceaux : le ciel, la mer, le soleil et les rochers, que je fixe au mur en les écartant encore davantage les uns des autres et en les plaçant au-dessous de la carte précédente. Les lunettes sont à présent tout au bout de mon nez, je me recule alors de trois pas et regarde l'image jusqu'à ce que commence le dernier texte : une description austère et minutieuse qui s'avère être celle de la carte postale. Pour finir, je m'approche de la cinquième enveloppe, l'ouvre et en sors une carte postale en tout point identique aux quatre autres. Je la découpe, détaillant autant que possible chacun des éléments que l'on peut distinguer sur l'image : ciel, nuages, soleil, rochers, mer, reflets du soleil, dix huit flamants rose, signature du photographe,... et les fixe très espacés les uns des autres sur tout le mur. Je retire les lunettes de soleil, recule, recule, recule et sors.

 

 

 

 

 

SOUVENIR DE VOYAGES

 

Un petit souvenir de voyage, c'est vraiment bien organisé, là-haut sur la montagne, profitons bien de nos vacances exotiques, arrivés à bon port, tout est très beau, cette image d'un visage qui me ramène au tien, le bonjour à toute la famille, un bien joli petit coin, des couchers de soleil, l'eau est bonne, comment dire en deux mots, baisers d'ailleurs, le décor est splendide, tout le monde est bronzé, ambiance sympa, temps superbe, souvenir ensoleillé, les oiseaux, les poissons, les couleurs, la lumière, grosses bises de maman, indescriptible, 35° à l'ombre, beau séjour, les monos sont super, un petit chalet très confortable, une vue magnifique, des plages de rêves, le repos assuré, vraiment sauvage, comme à la télé, paradisiaque, une grande excursion, la carte montre bien, le pique-nique devant la cascade, on domine tout, la mer d'un bleu, la végétation d'un vert, le sable d'un blanc, des grandes parties de boules, inoubliable, paysage dépaysant, bisous du camping, souvenir amical, souvenir de voyages,

 

 

 

 

VISAGES DE VOYAGES

 

Souvenir de voyages - bien organisé - profitons bien - vacances - vacances - vacances exotiques - bien arrivés - tout - très beau - beau - image - bonjour -toute la famille - joli petit coin - coucher de soleil - baisers d'ailleurs  - décor - splendide - bronzés - ambiance sympa - temps superbe - souvenir - souvenir ensoleillé - oiseaux - poissons - couleurs - lumière - grosses bises - indescriptible - 35° - séjour - super - petit chalet - vue magnifique - plages - rêves - repos - sauvage - télé - paradisiaque - excursion - carte - pique-nique - cascade - mer bleue - sable blanc - inoubliable - paysage - dépaysant - camping - souvenir amical - souvenir - souvenir - souvenir de voyages - souvenir de voy

 

 


N°1244 VISAGES DE VOYAGES

 

Souvenir de voyages - bien organisé - profitons bien - vacances - vacances - en haut et à droite - vacances exotiques - bien arrivés - tout - très beau - beau - image- 3 cm de largeur sur 11,7 cm - bonjour - toute la famille - joli petit coin -  rond jaune dans sa partie supérieure - coucher de soleil - baisers d'ailleurs - décor - progressivement jusqu'à devenir d'un gris - splendide - bronzé - ambiance sympa - temps superbe - souvenir - souvenir ensoleillé -  mais de 1 cm de large d'un brun presque - oiseaux - poissons - couleurs - lumière - 41 petits traits gris verticaux  de 2 mm de - grosses bises - indescriptible - 17 petites taches de couleurs et de proportions égales. A la limite - 35° - séjour - super - petit chalet - vue magnifique - plages - rêves - repos - sauvage - télé - le coin de l'image de la partie gauche - paradisiaque - excursion - carte - pique-nique - cascade - mer bleue - sable blanc - inoubliable - paysage -  chauds que la bande précédente, mais se différencie par son aspect lisse ainsi que par - dépaysant - situé dans le prolongement exact du rond blanc . Marquant la limite de ce trapèze par une suite - camping - souvenir amical - souvenir - sillon brun clair le traverse en son milieu et croise, dans le coin droit de l'image - souvenir - un mince filet blanc bouclé  - souvenir de voyages - souligné, d'une longueur de 3 cm et de 1/2 mm d'épaisseur.  

 

 

 

 

N°1244 VISAGES DE VOYAGES - Société Editions de France - Reproduction interdite - 40260 Castets - Lyoncolor.

 

En haut et à droite de l'image, on peut voir un rond blanc de 1 cm de diamètre auréolé de jaune légèrement dilué dans une nappe orange de 3 cm de largeur sur 11,7 cm de longueur. Une forme étirée mouchetée d'orange de différentes intensités cerne le rond jaune dans sa partie supérieure et s'évase vers la gauche. Cette nappe orange de 3 cm de large sur 11,7 de long, soit presque toute la longueur de l'image, se teinte progressivement jusqu'à devenir d'un gris velouté sur lequel se découpe une étroite déchirure de la même longueur mais de 1 cm de large, d'un brun presque noir. Au-dessous se trouve une bande de couleur grise tachetée d'orange dont la hauteur est d'environ 2 cm de chaque côté. Dans la partie supérieure, on distingue 41 petits traits gris verticaux de 2 mm de hauteur, supportant 17 petites taches de couleurs de proportions égales. A la limite de cette figure, s'étire un trapèze de 2,8 cm de hauteur, comprenant le coin de l'image de la partie gauche et s'amincissant vers la droite jusqu'à 4 mm. Il conserve la même gamme de tons chauds que la bande précédente, mais se différencie par son aspect lisse, ainsi que par cette tache rectangulaire de 1,5 cm de hauteur sur 1 cm d'épaisseur, jaune dorée, située dans le prolongement exact du rond blanc. Marquant la limite de ce trapèze par une suite de hachures brunes presque noires, s'allonge un deuxième trapèze comprenant le coin de l'image de la partie droite qui s'affine jusqu'à ne plus faire que 3 mm de largeur et se termine à 1 cm du bord de la partie gauche. Un sillon brun clair le traverse en son milieu et croise, dans le coin droit de l'image, un mince filet blanc bouclé et souligné d'une longueur de 3 cm et de 1/2 mm d'épaisseur.



Photos de la performance
 

En retrait

 






Au sol, un rectangle de poussière. A chacun de ses angles des petits carrés laissent nettement apparaître le bois du sol. Ici pouvait se trouver un petit meuble bas avec des pieds, une petite commode.

Au mur, un lai de papier peint. A la place des motifs qui ont été découpés apparaît le mur, mais on peut encore reconnaître la forme des fleurs. -Sur la vitre d'une fenêtre, une carte postale.
 

 

JOYEUX NOEL etc.

 

Performance, décembre 1979, 6 jours avant Noël, Théâtre National de Bourgogne - Dijon

 

Une petite fille se précipite sur son paquet cadeau, arrache le papier, déchire la boîte, ouvre la poupée, regarde dedans, cherche fébrilement mais ne trouve rien.

Dans le même temps, tout autour de la salle, défile des diapositives représentant les photographies d'un repas de Noël en famille jetées sur une nappe de plus en plus tachée.

Au même moment, on entend l'enregistrement de la description par la petite fille de cette fête exceptionnelle.

 


 

Le balai, la poussière... Une enquête

Installation, du 9 au 12 mars 1980, Ecole des beaux-Arts - Dijon

 





Installation dans le couloir principal de l'école des Beaux-Arts :

- d'un balai ordinaire usé - d'un petit tas de poussière - d'un morceau d'ardoise sur lequel on peut lire : "Cette poussière fait partie de mon travail, ne la balayez pas S.V.P, merci."

 

Lundi 10 mars

Surprise !

 

Où sont passés le balai et la poussière ?

Adossés au mur du couloir, ne restent que l'écriteau et les mots, vidés de leur sens.

 

 

Je mène l'enquête, cherchant à la fois à comprendre ce qui s'est passé et à retrouver les éléments manquants de mon installation. J'interroge le personnel et les étudiants et je fais le tour du bâtiment.

 

Le balai et la poussière sont peut-être retournés à la place qui leur incombe généralement : le balai au fond d'un placard, coincé, la poussière au fond d'une poubelle, enfermée ou dispersée.

 

L'après-midi

 

J'apprends que ce serait l'agent d'entretien qui aurait mal pris la chose.

 

Un peu plus tard.

 

A proximité de l'endroit où se trouvait l'installation, dans le recoin d'une grande salle très encombrée, je retrouve le balai. Pas la moindre trace de la poussière ! C'est bien surtout à elle qu'on en voulait !

 

18 h15 mn

 

J'interpelle l'agent d'entretien qui reconnaît être responsable du déplacement. Il s'explique : le balai et la poussière dans le passage, ça fait travail bâclé. L'écriteau qui les justifiait, il ne l'a même pas regardé.

J'empêche l'agent d'entretien de faire son travail, il m'empêche de faire le mien : il faut trouver une solution qui prête moins à confusion.

Après une longue discussion, nous arrivons à un compromis : un nouvel écriteau sera accroché sur la porte d'une salle indiquant que le balai et la poussière sont à l'intérieur.

 

Mercredi 11 mars

Sur la porte de la salle proposée par l'agent d'entretien, je fixe un nouvel écriteau sur lequel on peut lire ces mots : "La poussière est à l'intérieur d'après la nouvelle disposition du 11 mars 1980". Dans la salle, je donne un coup de balai, expose ce dernier et, près de lui, la poussière qu'il vient de rassembler.

 

Jeudi 12 mars

Je découvre la porte débarrasée de son écriteau !

Dans la salle, le balai et la poussière sont toujours à leur place. Près d'eux, je retrouve l'écriteau à l'envers.

Il n'a pas dû tomber, l'ardoise se serait certainement cassée, et on ne l'a probablement pas posée à cet endroit-là par hasard.

Qui donc cela pouvait-il déranger ? Qui avait intérêt à détourner l'attention ? Qui ne voulait pas qu'on découvre l'exposition ? Un maniaque ? Un jaloux ?

 

L'agent d'entretien m'assure n'y être pour rien.

Le reste du personnel, les professeurs et les étudiants non plus.

Faute de pistes, l'enquête s'arrête là.

 

Les jours ont passé. Le balai et l'ardoise ont été à nouveau déplacés, utilisés, jetés.

Mais longtemps après, de passage dans l'école, je me demande si en cherchant bien, je ne retrouverais pas encore quelques grains de ma poussière logés ici ou là.

 

 

 


 
 

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