, Écrivain, Poète, Artiste
 
 
La Veille et le Lendemain
 
 
 La Veille et le Lendemain ressemble à un journal rédigé le soir et le matin. Le narrateur est un écrivain. Son récit recouvre la période qui se situe entre la fin d'un livre et le début d'un autre, et plus particulièrement à travers ces moments de transition et de gestation qui suivent le réveil et précèdent l'endormissement. Si le premier livre s'attache surtout à décrire la vacuité angoissante mais, malgré tout, constructive de cet entre-deux, celui-ci est en partie comblé dans le second livre par la présence d?une histoire d'amour qui s'achèvera au moment où elle sera à même d'être (d)écrite.
Un troisième livre dont le sujet dépend en partie de la publication ou non des deux autres, viendra clore cette trilogie.

Isabelle Lartault

 
La veille et le lendemain - Livre I (Plan + extraits)


 

1 a

Soir

27-02

FIN...

2

Matin

28-02

Rêve de la maison fermée.

3

Soir

28-02

Bien marcher. Voir loin.

4

Matin

01-03

Il faudrait... Je pourrais... Me lèverais...

5

Soir

01-03

J'ai fini les restes. J'éteins.

6 b

Matin

02-03

Où ? Quand ? Quel jour ?

7

Soir

02-03

Demain c'est mercredi.

8

Matin

03-03

Sortir de l'ordinaire.

9

Soir

03-03

Je tourne sur moi-même. Les dormeurs du monde.

10

Matin

04-03

La chute de l'atlas. Somnambulisme ?

11

Soir

04-03

Du plus petit au plus grand.

12

Matin

05-03

Je ne peux pas regarder en arrière.

13

Soir

05-03

Demain soir, une fête. Qui viendra ? Quoi mettre ?

14

Matin

06-03

Comme si j'en avais débattu toute la nuit.

15

Soir

06-03

[...]

16

Matin

07-03

Réveil sur un divan. Gueule de bois.

17

Soir

07-03

Se coucher avant la nuit.

18

Matin

08-03

Environ dix heures un jour d'hiver gris.

19

Soir

08-03

Rêve de dentelle. Forme de toux.

20

Matin

09-03

Trouver une motivation. Faire faire faire...

21

Soir

09-03

Le ménage à fond. La musique pleinement.

22

Matin

10-03

Dispositions, désirs et ce qu'il en reste.

23

Soir

10-03

La télé couchée. Envahissement.

24

Matin

11-03

Bilan de la veille. Zapping. Éc?urement.

25

Soir

11-03

Je jouis et je m'endors.

26

Matin

12-03

Retour de Pierre. Changement de lit.

27

Soir

12-03

Il dort, moi pas.

28

Matin

13-03

Intrusion brutale de la lumière.

29

Soir

13-03

Changer la chambre ou la quitter. Sensation des extrémités.

30

Matin

14-03

Forme d'hésitation... Il fait presque jour... Il fait presque nuit....

31

Soir

14-03

Le livre qui bâille sur ma table de nuit.

32

Matin

15-03

Il doit faire beau. La femme secouée.

33

Soir

15-03

Un jeu pour s'endormir.

34

Matin

16-03

J'ai succombé sur le "w".

35

Soir

16-03

La vie de bohème !

36

Matin

17-03

Bien déjeuner pour se relire, se remettre à écrire.

37 c

Soir

17-03

Tous ces projets en tête avant... Et maintenant...

38 d

Matin

18-03

Déjà ! Je devrais déjà être partie !

39

Soir

18-03

Une nuit chez Tania. Se (faire) raconter des histoires.

40

Matin

19-03

Pas de compromis avec le traversin.

41

Soir

19-03

Dormir avec le froid.

42

Matin

20-03

Se lever avec le froid ?

43

Soir

20-03

Tomber de haut. Adhérer au matelas.

44

Matin

21-03

C'est le printemps. Temps d'hiver. Heure d'été.

45

Soir

21-03

Observer. S'absorber. Réinventer pour conter.

46

Matin

22-03

Relever les compteurs, quel métier !

47

Soir

22-03

Calcul des heures à dormir.

48

Matin

23-03

Tidididididididididididi...

49

Soir

23-03

J'ai oublié de récupérer  Celui d'avant. Je ne sais pas où j'en suis.

50

Matin

24-03

Quelque chose d'important à faire aujourd'hui ?

51

Soir

24-03

Nuit en pointillé...

52

Matin

25-03

J'ai lu toute la nuit toutes les heures.

53

Soir

25-03

Je dors déjà...

54

Matin

26-03

Max Blanc reste sur la fin de Celui d'avant. Tant mieux.

55

Soir

26-03

Comme on fait son lit on se couche.

56

Matin

27-03

Ce soir, au dîner, il y aura... Nous. Et les autres.

57

Soir

27-03

Plus envie de voir personne. Les serrures. Les avions de guerre.

58

Matin

28-03

"Oui, oui, je vais bien... Non, non, je ne me réveille pas..."

59 e

Soir

28-03

Échange stimulant avec Pierre. Un projet. Le travail d'une vie.

60 f

Matin

29-03

Une faim de loup, du travail sur la planche.

61

Soir

29-03

Le projet est trop grand, resserrer ou abandonner.

62

Matin

30-03

La fissure étoilée. Représentation d'une menace ?

63

Soir

30-03

Je tourne à vide. Je voudrais être au c?ur, battante.

64

Matin

31-03

Ce soir, je sors avec mes ordures.

65

Soir

31-03

Dans ma chambre d'enfant. Doudou, papier, crayon, jumelles...

66

Matin

01-04

Avoir une chambre pour moi toute seule.

67

Soir

01-04

Obsession des phrases qui me font, me fondent, me confondent.

68

Matin

02-04

Je ne me souviens plus de mes rêves.

69

Soir

02-04

Envie qu'on vienne me border. Envie d'un câlin, d'un baiser.

70

Matin

03-04

Être retardée. Le calcul impossible. Les preuves à faire.

71

Soir

03-04

Ce qui arrive la nuit. Prier enfant. Adulte, perspectives et bilans.

72

Matin

04-04

Partir. Revenir ?

73

Soir

04-04

Je ferme de plus en plus tôt.

74

Matin

05-04

Rêve d'animaux avec juste la peau sur les os.

75

Soir

05-04

Étendue, mes yeux irriguent mes oreilles...

76

Matin

06-04

Se réveiller aveugle.

77

Soir

06-04

Écrire avec ses poumons.

78

Matin

07-04

Depuis quand n'ai-je pas tenu un crayon ?

79

Soir

07-04

[...]

80

Matin

08-04

[...]

81

Soir

08-04

[...]

82

Matin

09-04

Le soleil se lève à peine, à moi de me lever franchement.

83

Soir

09-04

Une idée ? Comment écrire dans le noir.

84

Matin

10-04

J'ai écrit. J'ai écrit quoi ? Retrouver le sens.

85

Soir

10-04

En voilà une idée ! Se réveiller. S'endormir. Approfondir.

86

Matin

11-04

L'idée a passé la nuit artificieuse et résisté au jugement du matin.

87

Soir

11-04

Demain, prendre l'air, voyager. Transporter, exposer l'idée.

88

Matin

12-04

Il pleut. Réveil joyeux.

89

Soir

12-04

Le lit bateau. Une nuit à la campagne.

90

Matin

13-04

Qui m'a réveillée ? Pierre a mal dormi.

91

Soir

13-04

Le matelas par terre. S'éveiller, s'endormir. Naître, mourir.

92

Matin

14-04

Pierre me regardait dormir. L'évolution, l'adaptation des espèces.

93

Soir

14-04

Chahut, chatouilles... Jeux de mains, jeux de vilains.

94

Matin

15-04

J'ai observé quelques jours de repos.

95

Soir

15-04

Ma chambre réconfortante.

96

Matin

16-04

Rêve de l'invention du papillon.

97

Soir

16-04

Avant que les tulipes rouges ne soient dans le noir.

98

Matin

17-04

Grandir avec la lumière.

99 g

Soir

17-04

Réveil, endormissement, réveil... Continuer jusqu'à épuisement ?

100 h

Matin

18-04

Temps présent, passé, futur. Temps de se lever. Conditionnel.

101

Soir

18-04

La lumière traverse-t-elle les yeux fermés ?

102

Matin

19-04

J'ai ouvert les yeux ! Comment savoir ?

103

Soir

19-04

Délimiter. Trouver le début et la fin. Une berceuse.

104

Matin

20-04

L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.

105

Soir

20-04

Tous les êtres qui ont des yeux dorment.

106

Matin

21-04

Accusée, levez-vous !

107

Soir

21-04

Sauver les apparences.

108

Matin

22-04

Rêve de l'accrochage calamiteux.

109

Soir

22-04

À demain. Fais de beaux rêves. Ce que cache le sommeil.

110

Matin

23-04

Réveil avec un bout de phrase qui ne veut rien dire ?

111 i

Soir

23-04

Recto : nuit. Verso : jour.

112 j

Matin

24-04

Qu'est-ce qui m'empêche de commencer ?

113

Soir

24-04

Donner envie de lire : relier.

114

Matin

25-04

J'ai douze heures devant moi.

115

Soir

25-04

Tenter d'observer ce qui se passe juste avant que le sommeil...

116

Matin

26-04

Tenter d'observer ce qui se passe juste avant que le réveil...

117

Soir

26-04

Observer jusqu'à ce que mon corps défendant...

118

Matin

27-04

De l'eau sous mes pieds, j'ai rêvé ?

119

Soir

27-04

Une expérience corporelle. Les dons cachés.

120

Matin

28-04

Apparition de la fenêtre, du globe et du livre ouvert.

121

Soir

28-04

Le soleil se lève ? Se couche ? La réalité dépasse la fiction.

122

Matin

29-04

Réveil les bras au ciel, la tête à la place des pieds.

123

Soir

29-04

Le travail à table et dans les situations de passage.

124

Matin

30-04

Les enfants sont déjà en cour de récréation.

125 k

Soir

30-04

Trouver un deuxième fil : rattacher, dérouler, finir, débuter.

126

Matin

01-05

Nuit enchevêtrée dans les fils de toutes les histoires possibles.

127

Soir

01-05

Je me couche à contrecoeur. Les ébats des voisins.

128

Matin

02-05

Souvenir d'un rêve, réel désir.

129

Soir

02-05

Journée imprégnée du rêve de la nuit.

130

Matin

03-05

Des bzzzzzzzzzz grognons me tirent du sommeil.

131

Soir

03-05

Mon pyjama d'hiver contre une chemise de nuit légère.

132

Matin

04-05

Réveil entortillé : nuit agitée.

133

Soir

04-05

Comme par enchantement.

134

Matin

05-05

Le soleil montre : visiblement le temps passe.

135

Soir

05-05

Passer la frontière. Laisser en plan. Pas tranquille.

136

Matin

06-05

C'est maintenant que j'aurais bien dormi.

137

Soir

06-05

Une nuit à l'hôtel.

138

Matin

07-05

Réveil en trombe. Il ne me reste plus qu'un bouchon à oreille.

139

Soir

07-05

Des têtes plein la tête.

140

Matin

08-05

Je ne sais plus où je suis. Problème de fenêtre ? De lit ?

141

Soir

08-05

Dormir dans un wagon-lit.

142

Matin

09-05

J'ouvre les yeux comme si je venais de les fermer.

143

Soir

09-05

Lire au lit.

144

Matin

10-05

Inclure "je" et "on" en un seul pronom.

145

Soir

10-05

Un cauchemar. Parler, agir en dormant. Je m'échappe.

146

Matin

11-05

Le courrier passe sous la porte.

147

Soir

11-05

Allongée de force, mon corps se rebiffe. Chercher l'épuisement.

148

Matin

12-05

Réveil à point d'heure. Rêves finissants. Éternel ressassement.

149

Soir

12-05

Je n'arrive pas à mes fins. Changer de voie ?

150

Matin

13-05

Renvoi par l'éditeur de Celui d'avant. Je ne serai jamais facteur.

151

Soir

13-05

L'effet du "je". La petite bête du soir espoir et du matin chagrin.

152

Matin

14-05

Je cherche à en faire parler d'autres.

153

Soir

14-05

Elle voudrait dire "elle" mais depuis le début elle pense "je".

154

Matin

15-05

"Je... Je... Je... Je n'aurai jamais le courage (dit-elle ?).

155

Soir

15-05

Inventaire des positions adoptées avant de s'endormir.

156

Matin

16-05

Ce que je perds pour attendre.

157

Soir

16-05

Je souffre d'être debout. Je souffre d'être couchée.

158

Matin

17-05

Je m'arrache du lit pour aller chez le médecin.

159

Soir

17-05

Couchée du côté du couchant. Calmée par les calmants.

160

Matin

18-05

Rêve/conte de fée des trois petits boutons dorés.

161

Soir

18-05

Tester le projet. Rendre sensible.

162

Matin

19-05

Trois réveils. Trois lumières. Trois rêves.

163

Soir

19-05

Les cheveux coupés. Un abus de pouvoir.

164

Matin

20-05

Réaliser une perte, l'accepter.

165

Soir

20-05

Le temps compté. Écrire. Se récompenser.

166 n

Matin

21-05

Je me lève coucher mon réveil sur le papier.

167

Soir

21-05

Je m'endors avec le souvenir d'avec qui j'ai dormi.

168

Matin

22-05

Réveil et travaux.

169

Soir

22-05

Écrire le soir. Cogiter couchée. Dormir debout.

170

Matin

23-05

Je dois pouvoir m'agiter toutes les nuits en toute tranquillité.

171

Soir

23-05

Parler et se tenir éveillée. Enchaîner les idées. Les retenir.

172

Matin

24-05

Ça reviendra peut-être...

173

Soir

24-05

Ça revient. J'écris condensé, presque sans regarder.

174 l

Matin

25-05

Se représenter l'opposé. S'habituer.

175

Soir

25-05

Désir de dormir sur le sol sous un ciel étoilé.

176

Matin

26-05

Rêve/réveil : le jardin public, une envie pressante.

177

Soir

26-05

De l'orage dans l'air.

178

Matin

27-05

Le soleil dans l'?il. Bilan d'étapes.

179

Soir

27-05

Mise à l'écrit du parcours. Un jour, j'en ferai quelque chose.

180

Matin

28-05

Savourer la douceur. Retourner dans l'ombre.

181m

Soir

28-05

Exprimer. Faire exister. C'EST ÇA ! Le liant, évidemment !

182

Matin

29-05

Après en avoir écrasé.

183 o

Soir

29-05

L'apparence d'un journal intime. Le dessein d'une fiction.

184 p

Matin

30-05

On pourrait lire d'un bout à l'autre ou prendre au hasard.

185 q

Soir

30-05

Arrêter de projeter, partir à main levée.

186

Matin

31-05

Je me réveille, c'est déjà un début.

187

Soir

31-05

Écrire sur l'angoisse de commencer et de ne pas commencer.

188 r

Matin

01-06

Idées de mise en page. Prolongement d'idées.

189

Soir

01-06

Allongée avec Pierre à la recherche d'un titre juste et beau.

190

Matin

02-06

Les origines et les significations de "éveil", "veille"...

191 s

Soir

02-06

Un projet se termine : commencer. Un autre commence : terminer.

192 t

Matin

03-06

Et si le feu ? Sauver ce qui brûle en premier : le papier.

193 u

Soir

03-06

Bilans et perspectives. Demain, je suis écrivain.

194

Matin

04-06

Renaissance. C'est le jour et la nuit.

195

Soir

04-06

La femme secouée secoue aussi le soir.

196 v

Matin

05-06

J'en ai assez d'être couchée !

197w

Soir

05-06

Je découvre ce que je savais déjà.

198 x

Matin

06-06

Écrire, c'est tout ce qui me reste à faire.

 

Note : Les lettres qui accompagnent occasionnellement les numéros de la première colonne correspondent au choix et à l'ordre des séquences présentées dans les extraits 4, ci-dessous.

 


L'ÉLABORATION - Extraits 4 (24 séquences)

 

 

a (1)

FIN. Fallait bien se mettre le mot dans la tête. Le dernier. Pourquoi celui-là ? Je ne pouvais plus rien ajouter. Je suis allée jusqu'au bout, jusqu'à la 123ème page avant de m'arrêter. Je ne sais plus comment j'ai fait, mais j'ai fait ce que j'avais à faire et s'il fallait le refaire, je ne le referai pas... Pas si sûr... À force de lire et relire, j'étais au bord de l'écoeurement. Je ne reviendrai pas dessus. Je suis fière et fatiguée avec le sentiment, comme à chaque fois, d'avoir tout exprimé, d'être vidée. Il est temps de le laisser vivre sa vie, passer par d'autres mains ou en tomber ; défiler sous des yeux qui vont s'ouvrir ou se fermer ; intriguer, retenir, ou ne faire que passer par une oreille pour ressortir par l'autre sans que rien ne soit touché. Je vous le livre. Maintenant, seule, je veux m'abandonner au sommeil.

 

*

 

b (6)

Où ? Quand ? Quel jour ? La chambre... Le matin... Samedi, j'ai déposé le manuscrit... Dimanche, lundi... Pierre partira mercredi... Mardi... Nous sommes mardi. Entre la veille et le lendemain pour saisir l'instant, quelques secondes à peine et rien d'automatique cependant. Le temps de remonter à la surface, de se repérer à l'humeur, de se mettre à jour... J'y suis. Faire aujourd'hui ce que je n'ai pas fait hier.

 

*

 

c (37)

Tous ces projets en tête avant et maintenant... Je ne trouve que pauvreté, des histoires maigrichonnes, des pensées décousues, des sujets intraitables et deux ou trois bonnes idées qui n'arrivent pas à point nommé. Je suis difficile... Pourtant, pendant la rédaction de Celui d'avant, j'imaginais déjà ce qui en résulterait. Pleine de désir et d'ardeur, j'enrageais de devoir attendre pour éprouver mes projets. Dès que j'aurais terminé, il me suffirait d'enchaîner. Pas d'accès pour l'angoisse, pas de temps mort...

Mais je n'ai pas réussi à les éviter et me découvre une fois de plus démobilisée. Retrouver son centre de gravité ; dans le fond, on tourne toujours autour de la même chose. Dans ce qui a été créé auparavant, rechercher les éléments de constitution, les sujets de prédilection, les constantes préoccupations. Ce que je peux encore assumer est là où je continue de m'étonner. Entre les lignes, l'avenir. Revenir pour mieux rebondir. Et puis pourquoi se précipiter, peut-être qu'en laissant le sommeil me gagner tout va naturellement se décanter.

 

*

 

d (38)

Déjà ! Je devrais déjà être partie !

 

*

 

e (59)

Vu Pierre avec toute cette confiance que je lui envie. Il s'efforce de me l'insuffler et j'inspire autant que possible. Je respire mieux. Les problèmes apparaissent simples, surmontables. Je vois clair. J'entends bien. J'ai l'air de me prendre en mains. Reprise dans le flux, les désirs reviennent et se formulent, à nouveau, les pensées circulent. Je parle de l'abattement qui succède aux périodes d'intense activité ; de cet espace vacant qui nous fait nous mesurer implacablement. Celui qui sépare des références rend craintif. Être vain plutôt que médiocre. Par quoi remplacer l'innocence ? Les enfants créent par jeu, sans le savoir, et les adolescents avec l'énergie de leur révolte existentielle et la ferveur de leur idéal, même s'ils reproduisent, en partie, les modèles qu'ils veulent rejeter. Pour atteindre la reconnaissance, les adultes doivent les assimiler et les dépasser. Ils peuvent alors, s'il y a matière, inventer un langage complexe et original, extérioriser des vues avec une forme ajustée. Comment faire pour que le doute serve le devenir et ne mine pas les fondements ? L'idée me vient de relater les différentes phases de l'évolution d'un artiste à travers la chronique de l'élaboration de son oeuvre, au fil des jours, du début à la fin, de la naissance à la mort. J'ai déjà parcouru un bout du chemin. Ce serait le travail d'une vie... Et parce que je formule ce projet en présence de Pierre, je n'imagine aucune difficulté et ajoute un sucre dans mon café.

 

*

 

f (60)

Je me réveille avec une faim de loup. J'ai du travail sur la planche.

 

*

 

g (99)

Faire se succéder les moments de réveil et ceux d'endormissement. Ils devront se répéter, mais pendant combien de temps ? Quelques semaines, quelques mois ou même... Cela peut durer très longtemps. Dire ce que j'ai à dire, je m'arrêterai une fois le sujet épuisé... À moins qu'en travaillant je ne découvre comment le limiter... La nuit me portera peut-être conseil.

 

*

 

h (100)

Le matin, décrire ce qui est en train de se passer, ce qui s'est passé la veille ou (et) ce qui se passera ou devrait se passer pendant la journée. Le soir, décrire ce qui est en train de se passer, ce qui s'est passé pendant la journée ou (et) ce qui se passera ou devrait se passer le lendemain. Temps présent, passé, futur. Temps de se lever. Conditionnel.

 

*

 

i (111)

Recto : nuit. Verso : jour. Voilà comment je vais mettre en forme mes veilles et mes réveils. En commençant par le soir puisque c'est le moment où l'idée a émergé. Pour aller de la veille au lendemain, il suffira de tourner la page. Pendant ce temps, une nuit, un jour passe dans un souffle, un bruissement de papier...

 

*

 

j (112)

Qu'est-ce qui m'empêche de commencer ?

 

*

 

k (125)

Si je ne sais pas par quel bout commencer, c'est que ce projet ne tient qu'à un fil. Il en faudrait au moins un deuxième pour rattacher, dérouler le tout et donner envie de poursuivre. Si jamais je le trouvais, je suis sûre que j'aurais le début... et la fin.

 

*

 

l (174)

Il y a longtemps que je ne me suis pas réveillée aussi délassée. Le matin, quand on est en pleine forme, on a du mal à se représenter la fatigue du soir, et le soir, quand on est fatigué, difficile d'imaginer que, le lendemain, on sera remis sur pied. C'est presque aussi dur que de concevoir la douleur, bien portant et l'absence de douleur, souffrant, la chaleur quand on a froid et la faim quand on vient de se nourrir. Et pourtant, d'habitude, le printemps et l'appétit reviennent... Lorsque j'ai eu fini de rédiger Celui d'avant, ne croyais-je pas que je n'arriverais plus à écrire ; et à présent que j'ai recommencé, comment envisager  qu'un jour je pourrais  cesser  ? (En réalité, je n'ai fait que recommencer de noter puisque mon projet, pour être rédigé, manque encore d'une amorce et d'un morceau de fil...).

Beaucoup de phénomènes se reproduisent périodiquement mais avec des variations infimes ou quelques accidents. Peut-on pour autant parler de début et de fin, de prévisibilité ? Sommes-nous jamais préparés ? Continue la naissance d'émerveiller, continue la mort de stupéfier, continue...

 

*

 

m (181)

Je n'avais, jusqu'à présent, parler de mon projet à personne d'autre qu'à Pierre. Mais, ce soir, à la question d'Anne, ravie, j'ai répondu, moi qui résiste parfois tant à expliciter sans hésiter ; sans mal, je me suis étonnée de parvenir à résumer, à employer précisément les mots que je voulais entendre. Au fur et à mesure que je le lui décrivais, je réalisais à quel point ce projet existait. J'étais convaincue et l'attitude réceptive d'Anne me prouvait que je convainquais. Encouragée, je m'étendais : le projet prenait de la hauteur, de la valeur, s'enrichissant d'interprétations que je découvrais en même temps que je m'excitais à les communiquer, quand, tout à coup, saisie :  C'EST ÇA ! L'idée se tenait suspendue derrière mon regard devenu fixe comme la salle de restaurant devant moi. Une idée imposante et, dans son sillage, de plus évanescentes, que je m'efforçais de capter avant que tout se remît à bruire, à remuer, que le serveur évanoui ne revînt en criant : "Pour qui les cafés ?" Si, au récit des veilles et des lendemains, j'incorporais les notes sur l'élaboration même du projet ? Ne pas dissocier la gestation du projet, son idée et sa réalisation, d'autant qu'ils font l'un comme l'autre partie intégrante de mon vécu à ces deux extrémités de la journée, du réveil comme du coucher... N'est-ce pas le liant qu'en vain je recherchais ? Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt ? À présent, cela me semble évident. Tout se complète et se tient, naturellement. Quelle relation de cause à effet, quel concours de circonstances ont permis à cette proposition d'apparaître ? Est-ce le résultat de ma synthèse d'hier ou, ce soir, de ma disponibilité, ou encore le fait d'avoir dû formuler mon projet à quelqu'un qui n'en savait rien ?... N'est-ce pas souvent au moment où l'on s'y attend le moins, quand on a laissé ouvert par mégarde, que surviennent les meilleures solutions ?

 

*

 

n (166)

Je me lève coucher mon réveil sur le papier.

 

*

 

o (183)

Le récit ressemblera à un journal intime. J'emploierai la première personne du singulier comme lorsqu'on fait un relevé quotidien de ses sensations et réflexions personnelles. (Approcher directement ou se montrer plus distancé ? Exprimer poétiquement ou tenter d'analyser ? Faut-il choisir ?) "Comme", car si j'ai écrit le soir ou le matin sur ce qui avait lieu à ces instants précis, d'autres notes ont été prises le lendemain matin en souvenir de la veille au soir et inversement, et d'autres encore proviennent d'observations plus anciennes transcrites pour ce projet au fur et à mesure qu'elles me revenaient. Mais s'il est difficile d'écrire couchée, de vivre et de décrire la vie en même temps, j'aimerais pourtant que la question ne se pose pas d'emblée, que le lecteur m'imagine étendue dans un lit plutôt qu'assise à une table, qu'il ait le sentiment de découvrir ce qui se passe sur le champ. Transmettre quelque chose de la réalité, c'est la sélectionner, la reconstituer et la modéliser. Le récit aura l'apparence d'un journal intime (la plupart ne sont-ils pas des reconstitutions partielles de la réalité ?). Mais le dessein de raconter un événement particulier avec des partis pris préalablement définis tels que décider d'un début et d'une fin, limiter le récit à ces deux moments que sont les éveils et les endormissements, et tout ce que je viens de dire, cela avère que ce sera, que c'est déjà une fiction.

 

*

 

p (184)

On pourrait lire d'un bout à l'autre : du début à la fin, de la fin au début ou n'être que de passage. Suivre le fil du récit ou seulement prendre au hasard quelques-uns des textes qui le composent. Passer un matin ou un soir, entrer dire bonjour ou bonne nuit.

 

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q (185)

Pas envie de dormir, trop de choses à accomplir. Tout ce qu'on pourrait faire si on ne dormait pas... Allons, c'est un temps vital et non pas un temps mort ! Et puis, aurais-je eu l'idée de ce projet sans l'existence du sommeil, d'abord ?

À propos, ne devrais-je pas arrêter de projeter maintenant ? Contrairement à ce que j'espérais, le fait de savoir comment structurer le récit ne me donne pas la clef pour pouvoir l'amorcer. Mais ne suis-je pas confondue par la peur de changer d'état, de réaliser ? Il me faut du calme, me retrouver seule... À moins qu'il vaille mieux, au contraire, dédramatiser l'acte de passer  : dans le monde et le bruit, partir à main levée... Dois-je attendre un signal : "Maintenant !" ou le provoquer ? Il n'y a pas de conditions idéales. Les premiers mots comptent autant que les premiers pas. Souffrir que ceux-ci ne soient pas ceux qui vont rester, s'en servir pour s'élancer, s'engager le coeur plus léger. J'ai beau dire, mais écrire... Les premiers mots seront déterminants, je les écrirai fébrilement avec l'air d'engager ma vie. Déleste-toi, abandonne-toi ? arrivera ce qui doit arriver! ?, accepte le risque de te tromper et d'avoir peut-être à recommencer ! 

 

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r (188)

Imprimer les matins noir sur blanc et les nuits blanc sur noir... Non, c'est un peu insistant... Noir sur blanc, normal, et plutôt noir sur gris, juste pour le signe de la nuit. Ou bien, si ce n'est pas trop arbitraire, utiliser deux types de caractères, par exemple : italiques pour le soir et romains pour le matin. Comment représenter les matins et les soirs sans, sans inspiration, sans souvenir et ceux sans sommeil mais avec, parfois, des monologues incessants : par des vides, par des pleins, par des noirs, par des blancs ? Si ce récit était transposé au théâtre, le même personnage pourrait être joué par deux acteurs : l'un attendrait, agirait, réagirait en relation, mais le plus souvent en décalage, avec le texte que l'autre dirait allongé sur son lit. Une bande son traduirait l'environnement extérieur. Avec des variations, la lumière s'allumerait le temps du récit du matin, et s'éteindrait le temps de celui de la nuit, obligeant, à chaque séquence, le spectateur à réadapter sa vision. Le jour, il verrait toute la scène ; la nuit, il n'entendrait que la voix.

 

*

 

 

s (191)

Souvent brouillée avec les matins, je préfère la journée quand elle est bien entamée et la termine souvent mieux que je ne l'ai commencée. Dans la vie, clore est aussi capital et angoissant que de débuter : peur de se tromper, d'être embarquée trop loin, de ne pas pouvoir s'arrêter, peur de perdre, de se retrouver seule, de ne pas parvenir à recommencer...

Entre le moment où j'ai mis fin à Celui d'avant et le moment où je vais passer à la rédaction de celui-ci, il aura fallu le temps. Le temps de me disperser et de me perdre, de reposer, de mûrir et de me retrouver en découvrant, dans la suite de mes projets précédents, au centre de mes préoccupations, une façon différente de continuer ? le temps de me faire une idée, de me faire à l'idée. Et si je commençais par le soir où Celui d'avant a été achevé ? Poursuivre par la description des états intermédiaires au cours desquels, à la faveur des matins et des soirs, le nouveau projet est né, et s'arrêter lorsqu'il sera prêt à être concrétisé. Commencer par la fin de quelque chose et finir au moment où autre chose va commencer. En toute logique, je connais le début et la fin, et donc la durée du récit. Elle est comprise entre un soir, il y a environ trois mois, et un matin tout proche de celui-ci.

 

*

 

t (192)

La foudre est tombée, je n'avais pas débranché ! Si le plan de mon récit que j'ai rentré hier soir dans l'ordinateur était effacé ? Mais si le feu !... Et ma mémoire !... Il y a les notes manuscrites, pas de panique. Vite les rassembler et foncer. Le reste n'a aucune importance, ce qui brûle en premier, c'est le papier.

 

*

 

u (193)

Ce matin, j'ai entrepris, curieuse mais inquiète à l'idée de ce qu'après plusieurs mois j'allais y trouver, de relire Celui d'avant. Je me suis attachée à ce que j'ai fait exprès de ne pas dire et à ce que j'ai dit sans l'avoir fait exprès. Fait exprès, le plus souvent, ces zones troubles, ces jours et ces silences qui donnent au texte de l'ampleur, l'emplissent sans imposer de quoi. Rien ne manque en dépit des apparences ; cependant si l'on n'est pas comblé, l'imagination pourra s'en charger. Pas toujours fait exprès, certains jeux de mots, correspondances, et expressions du plus intime de ma personnalité. C'est impressionnant ce que j'ai écrit sans le savoir : traduction de connaissances implicites, d'expériences accumulées ? Comment joue ce qui n'est pas du ressort de la volonté ? Ai-je à ce point intégré mon propos que, même sans contrôle, tout concourt à produire des effets qui ne sont jamais hors sujet ? Ce que j'ai exprimé malgré moi, à d'autres yeux que les miens, ne se distinguent pas. Et pourtant, aussi indispensable que si c'était délibéré, ajoutant de la complexité, sans cet apport, le livre ne serait pas entier.

À présent, je crois avoir résolu l'essentiel des problèmes de La veille et le lendemain. Mais n'est-ce pas, avant tout, le feu vert qui m'indique d'y aller ? À l'étape suivante, face à de nouvelles inconnues, il ne faudra pas reculer. Je m'attends à ce que la mise en pratique bouscule mes prévisions. Je sais que je n'ai pas fini de douter et de m'exalter. Quand j'en aurai terminé la rédaction, pourquoi ne pas continuer de rendre compte de la différence et des écarts qu'il y a entre conception et réalisation :  comparer la constance à la variabilité, le maintenu au transformé ; ce qui sera resté sous ma gouverne et ce qui y aura échappé pour devenir mon texte et un autre. Mon autre.

Dans le même ordre d'idée, entre mettre au point, faire le point et projeter : publier régulièrement, tous les mois ou tous les ans, des bilans et des bulletins prévisionnels de mon évolution. Un exercice, un rapport révélateur et jubilant mais sans doute aussi, souvent, désespérant. Je ne serai jamais comptable. Demain, je suis écrivain.

 

*

 

v (196)

J'en ai assez d'être couchée !

 

*

 

w (197)

Sur une feuille de papier que je n'avais pas relue depuis le jour, où, il y a des mois, elle a été écrite, je lis la note suivante : "Relater les différentes phases de l'évolution d'un artiste à travers la chronique de la conception de son oeuvre, au fil des jours, du début à la fin, de la naissance à la mort". Je me souviens de la présence de Pierre, de l'enthousiasme que m'avait communiqué cette idée. La rédaction de Celui d'avant terminée, je cherchais alors ce qui viendrait après. Bien sûr, mon projet tel qu'il se présente actuellement paraît assez divergent : le point de vue est celui d'un écrivain, le projet, celui de faire le récit de cette période intermédiaire, après l'écriture d'un livre, avant celle d'un autre, à travers le vécu de ces moments de transition que sont ceux qui suivent le réveil et précèdent l'endormissement. Il diverge mais, d'une certaine façon, il se trouve contenu modestement dans le précédent. Après la période de doute qui suit l'aboutissement de quelque chose, la première idée qui se manifeste est souvent extrêmement ambitieuse, chargée du désir de réaliser l'oeuvre où tout y serait en une seule fois. Il faut sans doute fixer la barre suffisamment haut pour se stimuler, voir loin pour se repositionner, élargir pour ensuite mieux resserrer. Si je me suis éloignée, ce n'était peut-être que le temps d'accumuler assez de preuves pour confirmer ma première intuition ? Mais enfin, quel cheminement avant que je ne me retrouve à l'endroit d'où je suis partie ! Ce que j'ai tourné avant de revenir chercher ce qui avait été mis de côté ! Avant de découvrir, concentré, ce que je savais déjà.

 

*

 

x (198)

N'est-ce pas essentiellement parce que, dans mon esprit, je crois avoir abouti, que j'éprouve l'étrange sentiment que le texte est déjà écrit ? Je me lève ? En fait, c'est tout ce qui me reste à faire.

 

 

La veille et le lendemain, livre II (plan + extraits)





1    Matin    15-03    Sur une enveloppe 21 x 27, on dirait mon écriture.
2    Soir    15-03    Avant ou après ?  Un  matin ou un soir ? Un jour, reconnue ?
3    Matin    16-03    La veille de l'anniversaire.
4    Soir    16-03    Continuer maintenant que la mort n'est plus un rêve.
5    Matin    17-03    Retour des manuscrits. Des étiquettes avec de mauvais numéros.
6    Soir    17-03    Prendre la mesure. Allonger ma colonne d'années.
7    Matin    18-03    Un bouquet au réveil. Je suis toute retournée.
8    Soir    18-03    Tu dors ? Il m'adore, mais s'endort toujours avant moi.
9    Matin    19-03    Il dort. Il m'adore, mais se réveille toujours après moi.
10    Soir    19-03    S'allonger de tout son long.
11    Matin    20-03    Les manuscrits. Les jeter ? Les recycler ? Les dissimuler ?
12    Soir    20-03    L'écriture me prend du temps, me prend sans lui. Quel cadeau ?
13    Matin    21-03    Déménager. Empiler. Rempiler. Oublier ?
14    Soir    21-03    Les lettres de refus. Trier, ranger pour peut-être recommencer.
15    Matin    22-03    Le ramassage du papier.
16    Soir    22-03    Le Pont, les cadres, les clichés, les figurants et nous.
17    Matin    23-03    Réveil en fanfare. Reflets. Réflexions. Rapprochements.
18    Soir    23-03    Trois couchers. Des ébats et des beaux. Et des bandes saturées.
19    Matin    24-03    Debout. Couché. Un arbre, des plantes et des cadeaux du ciel.
20    Soir    24-03    S'exposer aux mondanités. Des doutes... Continuer ?
21    Matin    25-03    Se souvenir d'un rêve et le raconter. Réalité et fiction.
22    Soir    25-03    La chute. Mon image. Paf le chien et au diable les vanités !
23    Matin    26-03    Dès le matin, les gros voisins.
24    Soir    26-03    Le printemps au cimetière. Ma collection. «Brigant.»
25    Matin    27-03    Un rêve récurrent. La veille la vie la pressait. Le lendemain...
26    Soir    27-03    Passée l'envie, se mettre au lit comme on se punit.
27    Matin    28-03    Prise, éprise, asservie. Une boule et une cordelette.
28    Soir    28-03    Intenable rupture de sirop d'orgeat. Privation et tentation.
29    Matin    29-03    Qu'est-ce qu'on va se mettre !
30    Soir    29-03    Un tout petit peu en retard. Source d'inspiration. Ma main.
31    Matin    30-03    Il est en retard et pourtant il prend tout son temps.
32    Soir    30-03    Une robe allumée. Des mots pour plaire, pas pour Pierre.
33    Matin    31-03    Mettre en souvenirs. Garder au chaud. Le tic de l'écrivain.
34    Soir    31-03    Le labyrinthe. La déclaration  précoce. Tout ce qu'ils aiment.
35    Matin    01-04    Je l'appelle à moi.
36    Soir    01-04    Notre histoire au sérieux.
37    Matin    02-04    Des contacts à reprendre.
38    soir    02-04    Le Voltigeur. La jalousie. Se coucher sans s'aimer ?
39    Matin    03-04    Je l'écoute dormir. Je le sens me regarder.
40    Soir    03-04    Pêche réservée. Deux lierres. Commencer, penser, recommencer.
41    Matin    04-04    M oublie ses rêves et les miens, je dois les garder pour moi.
42    Soir    04-04     Une vie de couple. Le frigo refroidit, mais l'amour flamboie.
43    Matin    05-04    J'écoute couler le café.
44    Soir    05-04    Une chaussette de perdue, une de retrouvée. La dépendance.
45    Matin    06-04    Faire ce que j'aurais dû déjà faire.
46    Soir    06-04    Mon besoin d'écrire. Le sien de posséder. Viens maintenant !
47    Matin    07-04    Suis-je vraiment réveillée ? Suis-je jamais endormie ?
48    Soir    07-04    Fatigue. Inquiétude. La place de l'amour et celle de l'écriture.
49    Matin    08-04    La rencontre n'était pas gagnée. Marcher, tenir, durer...
50    Soir    08-04     Pierre stimule. Ecrire des textes courts ou tailler dans les grands
51    Matin    09-04    Je ne peux pas encore. Je sors ? Je me rendors.
52    Soir    09-04     M peut m'atteindre partout où je suis.
53    Matin    10-04    J'ai dormi 9 heures d'affilé sans broncher, une éternité !
54    Soir    10-04    Relecture des vieux textes.  M n'appelle pas. Un jeu.
55    Matin    11-04    Pas de nouvelles. J'angoisse. Si jamais... Je me caresse.
56    Soir    11-04    Je veux publier aujourd'hui le moment où j'en suis.
57    Matin    12-04    M est injoignable. Je décide de relire La veille et le lendemain.
58    Soir    12-04    Je relis. M revient. Une bonne et plusieurs mauvaises surprises.
59    Matin    13-04    Sentîment d'abandon. Le lierre comme l'amour à l'épreuve.
60    Soir    13-04    Réconciliations. Vivre avec un homme d'intérieur.
61    Matin    14-03    Il faut toujours qu'il laisse quelque chose.
62    Soir    14-04    Une version autre plutôt qu'une version diminuée.
63    Matin    15-04     On a crié ?
64    Soir    15-04    Retenir. Libérer.  Ne pas abîmer les textes et ne pas me frustrer.
65    Matin    16-04    Tirer des fils et expliquer pourquoi.
66    Soir    16-04    Le Voltigeur. Fil d'écosse. L'amour vite. Désirée, désirable.
67    Matin    17-04    L'amour coule de soi. Changer de peau.
68    Soir    17-04    Une erreur ? Une idée. Publier le plan. Une tache étoilée.
69    Matin    18-04    L'heure de lever et de coucher, le soleil et la lune.
70    Soir    18-04    Un nouvel équilibre ? M s'affaire et j'écris. Les baisers.
71    Matin    19-04    Vivre chez lui ou n'être que de passage ?
72    Soir    19-04    Un homme objet. Des glaces souvenirs. Un échange animé.
73    Matin    20-04    Les femmes/Les hommes. Une emmerdeuse et un petit salaud.
74    Soir    20-04    S'aimer, s'opposer. Souvenir de la rencontre. Corps ? Esprit ?
75    Matin    21-04    Tous les baisers d'animaux polyglottes.
76    Soir    21-04    L'avis de Pierre. Du sur mesure. Permanence et rebondissement.
77    Matin    22-04    Corps ET esprit.
78    Soir    22-04    Se voir quand ? Garder du temps. Le corps du texte. Derniers fils.
79    Matin    23-04    Une quantité d'amour. Surenchère = insécurité. S'aimer GRAND.
80    Soir    23-04    Des compliments. M mal luné. Un jeu pour s?endormir.
81    Matin    24-04    Avec mon nounours, j'ai bien dormi.
82    Soir    24-04    Le désir attendait dans le noir. Dire « je t'aime » en plein jour.
83    Matin    25-04     Son visage endormi émerge de la nuit.
84    Soir    25-04    Le jardin, tout à coup. Pédaler ravive feu notre dernière nuit.
85    Matin    26-04     Ses performances. Mes sommets. Exception à l'exceptionnel.
86    Soir    26-04     M me désarme. Une embauche ?  Le cinéma du métro.
87    Matin    27-04     Un rêve humide. Vivre l'amour ailleurs, un rêve.
88    Soir    27-04     Deux invitations. Culpabilité. La sculpture renversée.
89    Matin    28-04     Mal de tête, mauvais temps. Silence coupable.
90    Soir    28-04     Revigorer indéfiniment les grands sentiments. Mr Schpraz.
91    Matin    29-04     Un rêve. Je ne peux pas rentrer chez M. Des questions.
92    Soir    29-04    Une mauvaise impression. Une soirée barbante. Les inconnus.
93    Matin    30-04    Ecrire. La contrainte stimulante. Peloter à brûle pourpoint.
94    Soir    30-04    La volonté du père. La reine de marbre. Bruxelles.
95    Matin    01-05    M manque à mon lit. Sans sa peau, je ne tiens pas le chaud.
96    Soir    01-05    Se voir et parler. Le Bozo Bozo. Vivre ensemble ? Pourquoi pas !
97    Matin    02-05    Sa mèche rebelle. Son épicentre.
98    Soir    02-05    M se rend utile, s'isole et s'endort.
99    Matin    03-05    M se trouve beau. Je ne réponds pas, mais je tombe dans ses bras.
100    Soir    03-05    Un bon sujet pour écrire. De grosses dépenses. Des Critiques injustes.
101    Matin    04-05    Si je suis simplement à lui, à quel point suis-je encore à moi ?
102    Soir    04-05    Un procès à trois voix. Incompréhension et malentendu.
103    Matin    05-05    La veille, elle riait encore, le lendemain, elle était morte.
104    Soir    05-05    Les cartes érotiques. Ronds de bosse et Bossa Nova. Partir ou rester ?
105    Matin    06-05    L'aveugle. La femme de sa vie. Avant de partir, le mot de la fin.
106    Soir    06-04    Aveuglement, colère et pitié. Bruxelles la nuit, derrière les rideaux.
107    Matin    07-05    Le serveur du restaurant de l'hôtel. Val, moi et l'amour.
108    Soir    07-05    Tout ce que je peux rapporter. Endésirée, je me fais désirer.
1O9    Matin    08-05    Tout à coup, je voudrais déjà être rentrée.
110    Soir    08-05    Je suis « déjà » rentrée. Juliette ? Il me  rappelle sans faute.
111    Matin    09-05    Qu'est-ce que je suis en train de m'imaginer ?
112    Soir    09-05    Pas de nouvelles. Le chat et le pigeon.  Les lois de la nature.
113    Matin     10-05    Un rêve. Des articulations. Mes bras refusent de se refermer sur lui.
114    Soir    10-05    Qui est blessé ? Comme si de rien n'était. Je suis une fille super.
115    Matin    11-05    La porte se referme sans claquer. Il sera à l'heure au travail.
116    Soir    11-05    L'attente. Les questions. Qui a manqué son rendez-vous ? Un numéro.
117    Matin    12-05    Des n?uds douloureux. Qui se fait des idées ?
118    Soir    12-05    Une mauvaise position. J'ai presque terminé Malentendu.
119    Matin    13-05    Tout va sûrement s'arranger. Mel sera mon premier lecteur.
120    Soir    13-05    Le père abusif. Annulation, colère et soupçons.
121    Matin    14-05    Des draps vierges et parfumés. Père et fils. La gifle. C'est de la folie !
122    Soir    14-05    La confrontation. Marie-Joseph=Juliette. Et Roméo ? Il veut me voir.
123    Matin    15-05    Ce n'est pas possible ! Pourquoi ? Depuis quand ? Irrespirable !
124    Soir    15-05    La veille, elle était la femme de sa vie.
125    Matin    16-05    Le lendemain, il la quittait pour une autre.
126    Soir    16-05    Un scénario grotesque. Des contradictions. Comprendre, supporter.
127    Matin    17-05    Exiger des éclaircissements dans un endroit neutre. Rester digne.
128    Soir    17-05    Il dit qu'il m'aime toujours. Je le laisse vivre sa « tentation. »
129    Matin    18-05    La pitoyable réalité. Elle a quelque chose de plus que moi, mais quoi ?
130    Soir    18-05    Une soirée seule au milieu des autres. Mel est irremplaçable.
131    Matin    19-05    Un rêve. Deux filles. Une forêt. Sans lui, j'existe aussi.
132    Soir    19-05    Je croyais... Il se trompe sur moi ? Je me trompe sur lui ?
133    Matin    20-05    Un rêve. Un château. Je suis perdue sans papiers. Mes fautes.
134    Soir    20-05    Val, les confidences et un changement d'idées. Vive la liberté ! .
135    Matin    21-05    Il ne pourra pas se passer de moi. Amour-propre. Amour-sale.
136    Soir    21-05    L'engloutissement des chocolats. Souvenirs d'amour et de blessures.
137    Matin    22-05    La témérité du matin doit être utile à la survie des espèces.
138    Soir    22-05    Tentative de détachement. Dérobade. L'empreinte de la lune.
139    Matin    23-05    Un oiseau tombé et la pierre qui l'a frappée.
140    Soir    23-05    Je brûle et irradie. Un vu, des lunes. J'attends une délivrance.
141    Matin    24-05    Je compte les jours.
142    Soir    24-05    Mon côté cérébral. Pas tout à fait son genre. Une beauté neutre.
143    Matin    25-05    M la regarde dormir... Au programme : ménage à fond, réparations ?
144    Soir    25-05    Des souvenirs qui font mal. Recommencer ? Aspirer la poussière.
145    Matin    26-05    Encore une journée à passer.
146    Soir    26-05    Encore une journée de passée.
147    Matin    27-05    Le jour J faire impression. Je dors, J'écris, j'achète même des habits.
148    Soir    27-05    Le téléphone ne sonne pas pour moi. M me manque entièrement.
149    Matin    28-05    Pour elle, les mêmes mots, la même Salsa et deux billets d'avion.
150    Soir    28-05     J'écris ... J'écris une lettre de réclamation. La fuite s?aggrave.
151    Matin    29-05    M respecter les délais ? C'est la meilleure ! La meilleure ?
152    Soir    29-05    J'atterris près du lieu de travail de M. Il a un client qui l'attend.
153    Matin    30-05    Mon écharpe préférée ! Je ne retrouverai jamais la même.
154    Soir    30-05    Il a choisi. Est-ce que je veux des mensonges ou la vérité ? Me sauver.
155    Matin    31-05    La vérité. Désir et besoin. Lui et elle, les détruire et dormir.
156    Soir    31-05    Le jour, ma douleur est à plat. La nuit, elle prend du relief.
157    Matin    01-06    Un rêve. Je n'arrivais ni à faire ni à fermer ma valise.
158    Soir    01-06    Une vision déformée ? Je ne veux pas idéaliser déjà.
159    Matin    02-06    « Plus. » « Jamais. » « Plus jamais ».
160    Soir    02-06    Une lettre qui s'appelle : « Regrets éternels. »
161    Matin    03-06    Une lettre qui s'intitulera : « Sans regrets. »
162    Soir    03-06    J'ai pris un coup. Je ne suis plus raccord. J'oublie tout.
163    Matin    04-06    Projecteurs impitoyables, les matins m'abattent et me brutalisent.
164    Soir    04-06    Un cauchemar. L'autre crie et dort la nuit. Un ventre ou une bouée.
165    Matin    05-06    Des plans dressés pour me venger. Mourir en dormant, j'en rêve.
166    Soir    05-06    La circulaire, le sablier. Un chat, des pots cassés. Je suis en deuil.
167    Matin    06-06    Un cauchemar. Des lieux délabrés. M apparaît et disparaît. La peur.
168    Soir    06-06    Un objectif manqué. Un matelas et pas d'oreiller. Rire ou pleurer ?
169    Matin    07-06    Danser ! Comme cela aurait pu me faire plaisir !
170    Soir    07-06    Mes textes refusés. Au bout de mes forces. Si on me voyait !
171    Matin    08-06    Une lettre pour envoyer dire qui n'est jamais terminée.
172    Soir    08-06    Le bar. La foule oppressante. La fille prise pour cible.
173    Matin    09-06    Des traces de griffes.
174    Soir    09-06    Une nuit debout.
175    Matin    10-06    Aujourd'hui, il faut...
176    Soir    10-06    Demain, il faut...
177    Matin    11-06    Non.
178    Soir    11-06    J'ai oublié d'aller travailler.
179    Matin    12-06    Je ne me réveille pas puisque je ne dors plus.
180    Soir    12-06    GHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ. Quelque chose pour dormir enfin.
181    Matin    13-06    Je regarde le masque japonais, il pleut.
182    Soir    13-06    Il paraît que pleurer diminue la tristesse de 40 %.
183    Matin    14-06    Le téléphone n'arrête pas de sonner. Je retourne me coucher.
184    Soir    14-06    Je suis assoiffée de sirop d'orgeat. La cicatrice sur la table en bois.
185    Matin    15-06    S'il continue de pleuvoir, la cuvette sera bientôt pleine.
186    Soir    15-06    Je compte les gouttes et tente de prédire leur chute.
187    Matin    16-06    Ça sonne. Le goutte-à-goutte s'est accéléré.
188    Soir    16-06    Le lierre de M a été déplacé. Le mien est-il encore vivant ?
189    Matin    17-06    Je ne quitte plus la chambre.
190    Soir    17-06    Avant, c'est l'amour qui brûlait mes calories.
191    Matin    18-06    Avant, c'est l'amour qui défaisait mon lit.
192    Soir    18-06    J'ai caressé mon bureau plein de poussière et soufflé sur mes doigts.
193    Matin    19-06    J'ouvre la fenêtre et la porte à Pierre.
194    Soir    19-06    Un coup de vieux, un coup de vert.
195    Matin    20-06    J'ai dormi.
196    Soir    20-06    La veille elle reconnaissait ; le lendemain, elle était reconnue.
197    Matin    21-06    L'oiseau qui a cru pouvoir traverser. À force de vouloir posséder...
198    Soir    21-06    Ecrire sur « le rien » c'est beaucoup.
199    Matin    22-06    Mel met la fille en danger pour qu'elle donne tout ce qu'elle a.
200    Soir    22-06    La fille a détruit toute trace de moi chez lui. Un dialogue impossible.
201    Matin    23-06    Mel dit qu'elle seule s'est imaginée. Est-il capable d'aimer ? J'écris.
202    Soir    23-06    Fébrile et concentrée, j'écris NIER comme RIEN.
203    Matin    24-06    Je m'explique l'anagramme. Je me vois écrivain.
204    Soir    24-06    La mélodie et le rythme. Donner ce texte à voir et à entendre.
205    Matin    25-06    Semer des graines qui me surprendront peut-être plus tard.
206    Soir    25-06    Mes écrits ne valent rien ?  Mel me défend ! Je ne suis pas à l'abri.
207    Matin    26-06    M s'aperçoit qu'il ne pourra pas se passer de moi.
208    Soir    26-06    Le vent disperse les graines et apporte un avion. 1 million d'ailes !
209    Matin    27-06    Mon oxydation s'accélère.
210    Soir    27-06    Sortir pour ne pas flancher, pour ne pas rester à remuer du papier.
211    Matin    28-06    Je pourrais me laisser enfermer au musée.
212    Soir    28-06    Ecrire. Me remettre dans quelque chose de prenant, me recentrer.
213    Matin    29-06    La stimulation par les livres.
214    Soir    29-07    M culpabilise ? Un creux dangereux. La faim. La gueule du loup.
215    Matin    30-07    Je me cogne, me brûle, me perds et tout me tombe des mains.
216    Soir    30-07     M a changé ? On ne sauve que les apparences.
217    Matin    01-08    Moi j'ai changé ?
218    Soir    01-08    M force l'entrée de chez moi. Je ne sais plus ce que je veux.
219    Matin    02-08    Est-ce que j'aime encore ? Peur du vide ? Vide d'orgueil !
220    Soir    02-08    Pour travailler à quelque chose de grand il faut faire de la place.
221    Matin    03-08    Ce n'est sûrement pas moi qui vais l'appeler !
222    Soir    03-08    J'ai traversé le cimetière avec de la viande morte dans mon panier.
223    Matin    04-08    Une nuit de cauchemars.
224    Soir    04-08    M, absent, avoue et promet. Je dis : « disparais ! »
225    Matin    05-08    Je lui écrit des mots définitivement durs, des mots qui vont rester.
226    Soir    05-08    Un enterrement.
227    Matin    06-08    Le téléphone sonne. Je vais acheter un appareil pour filtrer
228    Soir    06-08    La peur de finir par peur que ça ne recommence plus.
229    Matin    07-08    Aujourd'hui, je reprends vie.
230    Soir    07-08     Le Bilan des écritures. Le projet du Livre de l'année. Entêtée.
231    Matin    08-08    Un rêve. Les jours passent. On m'appelle ?  Qu'est-ce que j'attends ?
232    Soir    08-08    Les projets et les expériences déterminants. Les déclics et les enjeux.
233    Matin    09-08    Il pleut ! Ça tombe bien. On doit venir colmater ma fuite ce matin.
234    Soir    09-08     La veille et le lendemain, une suite ? Ecrire. Aimer. Deux passions.
235    Matin    10-08    M s'accroche, mais je suis occupée, occupée, occupée?
236    Soir    10-08    Garder l'idée de journal et l'alternance jour/nuit.
237    Matin    11-08    Commencer par le soleil ou par la nuit qui réveille.
238    Soir    11-08    Montrer la gestation, l'élaboration. Faire de la réalité une fiction.
239    Matin    12-08    Ce qui est donné à lire est ce qui pourrait s'écrire.
240    Soir    12-08    Mon insomnie porte des fruits.
241    Matin    13-08    Le temps, les personnages, les jeux. Les liens qui font les histoires.
242    Soir    13-08    Si j'écris « je » rien ne les empêchera de croire que c'est vrai.
243    Matin    14-08    « Je » me souviens.  « J' » écris. « Elle » vit. « On » se l'approprie.
244    Soir    14-08    Varier les perceptions. Je me répète, mais c'est la vie.
245    Matin    15-08    Depuis quand le téléphone n'a-t-il pas sonné ?
246    Soir    15-08    La suite. De l'autonomie ? Des clefs ? Rien ne peut m'arrêter.
247    Matin    16-08    Je tiens quelque chose.
248    Soir    16-08    La vieille qui rend visite aux soldats.
249    Matin    17-08    De Mon histoire d'amour à Une histoire d'amour.
250    soir    17-08    L'amour. Comment aborder le sujet sans être surfait.
251    Matin    18-08    Mes doutes sous forme de notes. Préserver l'émotion.
252    soir    18-08    Le début doit-il ressembler à un début et la fin à une fin ?
253    Matin    19-08    Cette fois encore finir à la veille de l'écriture d'un nouveau récit.
254    soir    19-08    Trop de mots ? J'ai envie de revenir au compte-goutte de la poésie.
255    Matin    20-08    Mon écharpe ? Je l'ai abandonnée sur un banc avant le dénouement.
256    soir    20-08    Quand l'amour grandit, la peur de le perdre aussi. Déprime.
257    Matin    21-08    Des chambres chaudes et des chambres froides.
258    Soir    21-08    Un jour ça recommencera, ça ne peut pas finir comme ça.
259    Matin    22-08    Je ne veux pas mourir avant d'avoir terminé.
260    Soir    22-08    Débuter quand les manuscrits sont refusés et l'amour adoré.
261    Matin    23-08    Le soutien amoureux. La vengeance et la revanche. L'écriture.
262    Soir    23-08    Commencer et puis continuer pour y arriver, peut-être.
263    Matin    24-08    Un rêve. Un accouchement éminent.
264    Soir    24-08    Je cherche un titre. Ne rien fermer. J'ai encore matière à raconter.
265    Matin    25-08    Fuite et éclipse. Le but fixé. Je cours vers ce qui ressemble à une fin.
266    Soir    25-08    Pourquoi courir quand on connaît la vacuité du lendemain.
267    Matin    26-08    Aujourd'hui, j'ai 13529 jours. Pierre me souhaite ma fête.
268    Soir    26-08    Un oubli ?  Mon récit ! Je ne veux pas le perdre maintenant !
269    Matin    27-08    Quand je peux décrire, je n'ai plus qu'à écrire.
270    Soir    27-08    Entre l'art et la vie, je n'ai pas choisi. Le lierre a remis une feuille.



p. 8
 31, 32, 33, 34... et 35, le petit dernier en qui reposait mes grands derniers espoirs. J'ai payé la caution pour les libérer, pour ne pas qu'ils soient pilés ; bien que ça puisse être joli, les confettis ! De la maison de correction à mon appartement en passant par le trou noir de ma boîte, les uns après les autres les manuscrits sont rentrés, sans se bousculer. Voilà la pile recomposée ! Moins fraîche qu'il y a trois mois, comme moi. Je ne la couve pas des yeux comme au sortir de l'imprimeur, elle et moi, on s'apitoie. Presque aussi haute moins quelques exemplaires disparus sous des tas ou endormis au pied de lits de quelques amis embarrassés qui n'auront rien trouvés à dire ou qui auront eu peur de ne pas savoir bien dire du bien ou de ne pas savoir comment dire du mal sans faire mal. Un ou deux exemplaires finiront peut-être par réapparaître salis, racornis, compliqués de ménagements, appesantis d'ennuis ou, qui sait, pétris d'enthousiasme discret et chargés de respect, en tout cas mieux vieillis que ceux-ci qui ne gardent de leur passage dans l'autre monde que des étiquettes avec des mauvais numéros.


p. 15
Au réveil, la première chose que je vois dans la pénombre, c'est la pile des manuscrits retournés. Quoi en faire ? Je ne vais pas m'y habituer. La jeter ? La recycler ? La brûler ? La dissimuler ?
1) - La jeter. La mettre dans la poubelle spéciale papier. Mais si quelqu'un découvre la pile, la récupère et opère quelques modifications, des changements de noms et... réussit à se faire publier ?
Imaginons qu'un voisin soit tombé sur la pile et, ayant reconnu mon nom, me toise d'un air condescendant, comment ne pas raser les murs en passant ?
2) - La recycler. Écrire derrière. Écrire quoi ? Un nouveau texte ? Ça commence bien ! M'en servir de brouillon, mais ce n'en est pas un. Je ne renie rien. Autre solution : la mettre dans la cuisine, m'en servir de pense-bête ou pour faire des listes de commissions... Sinon, oublier le crayon : l'utiliser comme torchon. J'en ai pour un moment. Combien d'années d'écritures, combien d'années d'épluchures avant... Mais quel sacrifice ! Quel pincement à chaque retournement !
3) - La brûler. C'est une option romantique. Une disparition en beauté. Mais la brûler où ? Je n'ai pas de cheminée. Pour l'évier, c'est beaucoup : une pile ne part pas comme ça en fumée et de là à finir noyée ! Agir à la campagne ? Je ne suis pas motorisée. En métro, en train, une pile, c'est lourd à traîner. Le jeu n'en vaut pas la chandelle. Sur ma terrasse ? Les voisins sont capables d'appeler les pompiers. J'aggrave mon cas.
4) - La dissimuler. Placer la pile hors de vue ou hors de portée, c'est la première chose qui vient à l'idée. La planquer derrière une porte ou au fond d'un placard, la descendre à la cave ou la monter au grenier. Garder tout de même un manuscrit sous la main, l'avenir n'est jamais certain. Si rien ne s'est passé avant le jour de mon déménagement, je trouverai bien un moyen de faire disparaître la pile complètement.

P. 71
Je n'ai pas écrit depuis des mois, pourrais-je un jour recommencer ? C'est la question que je me pose à la fin de chaque manuscrit parce que j'ai le sentiment d'avoir déjà beaucoup dit et que je manque d'énergie. Et puis surtout l'amour me comble, il a pris une telle place dans ma vie... Peut-être que je n'écrirai plus jamais. Mais si jamais, dans un moment... Et que je perds la main, comment... Il reste un étroit passage cependant pour ce questionnement, pour un trouble léger comme une nostalgie. Je ne parle pas de manque, mais... Si c'est complet pour de grands projets, je sens encore un peu d'espace pour une expression concentrée, intense et brève. Si je ne peux rien envisager de grand, de prenant, reste l'idée de maintenir et d'alimenter mes chantiers en cours, ces lieux où s'entassent des matériaux, comme celui des mesures&démesure. Enfin, je ne dois pas décevoir Mel. Je lui répète que l'écriture prend du temps ; mais pour l'heure, ce temps, c'est souvent pour être seule que je le prends. Mel comprend mal ce besoin d'être déprise pour mieux me reprendre, répondre et entretenir le désir. Mais si je n'étais plus écrivain, dans quelle mesure ne serais-je pas diminuée à ses yeux qui sont aussi les miens ? Au fond, je ne me vois pas abandonner. D'une façon ou d'une autre, il me faut continuer.
p. 84
J'ai parcouru la plupart de mes textes et comme prévu, je n'ai rien trouvé que je puisse envoyer d'emblée ou extraire pour donner à une revue. Des Grandes Occasions, je ferai un jour quelque chose, mais pas dans ce cadre-là. Prendre la mesure n'est pas assez avancé... Face aux textes longs, je n?en mène pas large, je ne sais quoi couper. Comment opérer sans dénaturer ? C?est facile de se tromper. Quoi choisir ? En fonction de quoi ? Pourquoi ces extraits-ci plutôt que ceux-là ? Mieux vaut-il se borner aux plus autonomes ? Aux plus séduisants ? Et si après la « bande-annonce », il n?y avait plus de lecteurs ? Il faudrait que je parvienne à sélectionner ces passages qui donnent une idée du projet dans son entier. Mais qu?est-ce que des passages diront de la construction d?ensemble et de l?importance de la durée ?

p. 117
Je me suis souvenue qu'il y a des années, j'avais déjà proposé aux lecteurs d'une revue de leur faire du sur mesure, quelque chose à leur taille, mais avec mon propre tissu. La cohérence que de loin en loin je finissais toujours par trouver entre mes différents projets me rassurait et m'excitait. La confirmation de la permanence de ma supposée identité m'assurait d'être bien sur ma voie. Accompagnée du soutien de Pierre, je suis rentrée tard avec tant de ressorts que, même allongée dans mon lit, mes idées rebondissent encore.


p. 122
Au milieu de la nuit, et ce matin encore, Mel est revenu en pensée me sommer de quantifier. Il voulait connaître la mesure exacte de mon amour pour lui. Mais quelle valeur ont les aveux ainsi soutirés ? Mel pousse à la surenchère, mais c'est sans doute pour compenser. Avec moi, il ne se sent peut-être pas en sécurité.
« Tu m'aimes ?
- Je t'aime grand.
- Grand comment ?
- Grand comme ça.
- Seulement ?
- Je t'aime grand... GRAND comme ÇA !
- Moi je t'aime plus grand que... Plus grand que... Mes bras ouverts ne suffisent pas à...
- Moi je t'aime grand comme... comme... comme TOI !
- Moi je t'aime grand comme la terre et le soleil et...
- Moi je t'aime grand comme la mer et le ciel et ...
- Moi je t'aime grand comme TOUT !
- Et moi... et MOI, qu'est ce qui me reste ? Tu as tout pris ! »


P. 187
La veille, elle était la femme de sa vie.

 p. 188
Le lendemain, il la quittait pour une autre.


p. 232
La nuit met ma douleur en relief et le jour la met à plat. Je n'entends pas le verdict de la même façon le soir ou le matin. La veille, il me vrille les nerfs et agit comme une torture ; le lendemain, il me frappe compact comme une fatalité.


p. 339
Commencer ? Le sujet est brûlant et il faudrait que j'écrive maintenant ? Que je me m'enfonce dans mes souvenirs alors qu'il m'est encore difficile de les considérer comme tels ! Dans l'immédiat, je n'aurai pas le c?ur à passer en revue Mon histoire d'amour, à la détacher suffisamment de moi pour en faire Une histoire d'amour. Même si en la vivant, je me la suis déjà racontée, avant de la mettre noir sur blanc, je vais sans doute devoir laisser passer du temps.

p. 322
Les découvertes des rétrospectives, le processus de création, l'intensité des textes courts, la mesure et la démesure des choses, les périodes intermédiaires : les rendez-vous manqués, les coulisses de la vie, ce qui se passe entre et qui est rarement dit...  « Retrouver son centre de gravité ; dans le fond, on tourne toujours autour de la même chose. Dans ce qui a été créé auparavant, rechercher les éléments de constitution, les sujets de prédilection, les constantes préoccupations. Ce que je peux encore assumer est là où je continue de m'étonner. » Je reviens sur ces mots tirés de La veille et le lendemain ; l'enseignement est toujours valable. Une fois encore, sans savoir ce que je cherche, je relis ce texte. Le ferai-je encore si j'avais eu plus de lecteurs ? Je serais peut-être déjà partie ailleurs. Je me fais critique ; mais une chose est sûre, à présent, je ne voudrais presque rien y changer. Le bilan n'est pas si mauvais, mais quelles sont les prévisions ? Je pourrais le reprendre tel quel et peut-être le compléter et le faire évoluer... Ne me préconisais-je pas de continuer de montrer les évolutions ? Je ressens une étrange tristesse devant cet objet fini qui finissait par recommencer. Recommencer... Tiens, aujourd'hui, le téléphone n'a pas sonné... Quand mon amie m'avait invitée à la fête, je souffrais d'un épouvantable mal de tête. Mais le gros ?uvre était derrière moi, je pouvais entrevoir la fin de La veille et le lendemain. Après le plaisir un peu tendu de relire et de corriger, s'amorçait déjà celui, subtil et gratifiant, d'enrichir et de ciseler. Je commençais à décompresser. La proposition de mon amie tombait bien ; migraine ou pas, j'étais contente de moi, et, m'étant coupée du monde pendant longtemps, j'avais une irrépressible envie de sortir, de bouger et de rencontrer ; de rendre un peu du plaisir que le texte m'avait donné. Ces bonnes dispositions remplies de reconnaissance avaient rencontré l'infinie disponibilité de Mel : l'histoire pouvait s'engager, le piège amoureux se refermer. Me serais-je arrêtée sur Mel quand l'écriture me travaillait profondément, qu'elle me prenait tous mes moyens et une grande partie de mon temps ? Absorbée par le travail, je serais peut-être passée à côté, ou bien, écoutant ma méfiance, je n'aurais pas insisté. Qui sait si je me serais même rendue à cette soirée ? Quel qu'en soit les issues, j'aimerais ne jamais regretter de l'avoir vécu. Suis-je capable de vivre deux passions au même moment ? Mel en a décidé avant que je le sache vraiment. Alors, je me replie sur les mots ? C'est peut-être une autre forme d'ouverture, en attendant... Oui, c'est ça, c'est encore, c'est toujours ça ! Ce sera la même histoire, mais un autre passage, la suite, le lendemain, le surlendemain... Le fil conducteur de l'écriture. L'espace vacant que, dans La veille et le lendemain, je décrivais entre deux projets, entre deux récits, sera, dans mon nouveau texte, saturé de références à l'amour, ses illusions et ses désillusions.


p. 342
Par quoi commencer ? Par le début : la rencontre. Pour terminer par la fin : la rupture. Par le début de la rédaction d'un récit, pour terminer lorsqu'il sera fini. Mais le début doit-il ressembler à un début et la fin à une fin ?


p. 343
Commencer où se termine La veille et le lendemain : à la veille d'un nouveau texte. Mais à ce moment-là, je ne suis pas disponible pour une histoire d'amour, ça ne va pas ! Et puis, ce texte annonçant qu'il va pouvoir commencer ne vient-il pas sous nos yeux de se terminer ? Si je commence là où se termine La veille et le lendemain, ne réécrirai-je pas rigoureusement le même texte ? L'ai-je bouclé pour ne pas avoir à recommencer ? Non, c'est une spirale ; il faut suivre, mais il y a des ouvertures. Je suis en train de chercher une entrée pour commencer et je finirai bien par la trouver. Finir comme dans La veille et le lendemain : à la veille de l'écriture d'un nouveau récit.


p. 347
Il y aura des chambres chaudes et des chambres froides. À la différence de La veille et le lendemain I, on trouvera dans ce texte-ci davantage de changements soudains, de retournements, voire de ruptures entre les veilles et les lendemains.


p. 350
 Les jours diminuent. Ça se connaît déjà ; la nuit est presque tombée, mais j'attends le dernier moment pour l'éclairer. Pour ne pas m'éterniser et risquer de lasser, je cherche à cadrer plus serré. Je pourrais effectuer un léger déplacement dans le temps et aborder une autre étape de la vie d'un tapuscrit. Je commençais La veille et le lendemain au moment où ce récit était pratiquement prêt à être envoyé, pourquoi ne pas commencer celui-ci lorsque, jugés et non retenus pour être publiés, les tapuscrits me sont retournés. Ce moment correspond à celui durant lequel l'histoire d'amour bat son plein. Mais c'est déjà le début de la fin.

p. 352
Commencer par... Commencer par : « Commencer par... » ... À l'origine, plusieurs possibilités. Commencer, c'est à chaque instant et sans fin à longueur de temps. Une fois que j'aurai commencé, il ne faudra pas que je m'arrête sous peine de ne jamais retrouver le courage de m'y remettre. Mais si c'est bien commencé, une fois habituée, je ne pourrai plus me passer de continuer. Je n'en finirai pas... Longtemps, j'ai dit que je n'y arriverai jamais pour trouver la force d'y arriver peut-être.

p. 356
Mais pourquoi courir si vite vers la fin puisque je sais à quel point sera difficile à vivre la vacuité du lendemain ?

p. 359
Quand je commence à pouvoir décrire mon projet, c'est bon signe ! Je n'arrête pas de lire, de relire, de lier, de relier ; je n'en finis pas de densifier, de mûrir et de développer mes idées. Je connais certains passages sur le bout des doigts. Il y a encore quelques décisions à prendre, beaucoup de détails à préciser mais je suis sûre que certaines solutions s'imposeront d'elles-mêmes au cours de l'écriture. Je me régale d'avance en pensant à tout ce que je vais devoir imaginer et à la surprise de découvrir un jour dans mon livre ce à quoi je ne pensais pas avoir pensé. Est-ce le hasard qui fait aussi bien les choses ou les choses qui ne se font pas souvent par hasard ? Tout se tient. Quand je commence à pouvoir décrire, c'est que je n'ai plus qu'à écrire.

 
 

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